Savoir se relever. publié le 22/03/2022  - mis à jour le 23/03/2022

Bon aujourd’hui c’est décidé plus de bou........ comme hier, on fait une journée propre. On resserre quelques boulons on gagne en rigueur et c’est parti. Les rituels du matin commencent à être établis ça roule sans problème, la journée va être facile tout va bien se passer. C’est beau la méthode Coué*, ou alors de la naïveté.

Le vent aurait du nous alerter sur les épreuves de la journée, il va falloir du caractère pour les dépasser. La première fut psychologique : la montagne ça use les organismes surtout quand on est pas préparé. Cela se matérialise par les petits "bobos" de certains qui somatisent leur anxiété, et qui peuvent se traduire par de véritables douleurs physiques. La crème miracle passe donc de main en main pour apaiser toutes ces petites douleurs et donner le petit coup de pouce à certains pour repartir ce matin. D’autres qui ne sont pas très en forme sont encouragés, des changements de groupe sont effectués...
Bon...c’est bon, on peut peut-être y aller maintenant on est pas venu jusqu’ici pour passer de la pommade. On chausse les skis et là le deuxième obstacle de la journée nous saute au bout des spatules. Vous savez la soupe d’hier dont on n’osait à peine se plaindre vu notre chance d’être tous ensemble ici, et bien ce n’est plus la même. A votre avis lorsque vous mettez de la soupe au congélateur qu’est-ce qui se passe ? Et bien nous on a la réponse, on obtient du béton ! Donc l’épreuve du matin fut de réapprendre à skier avec ce nouveau paramètre car vu le miroir qui défile sous nos skis peu nombreux sont ceux qui ont envie de tâter le terrain, moi le premier. Et pourtant "y’en a qu’on essayé.".. La troisième épreuve du matin fut la première remontée du télésiège avec un blizzard venu du pôle nord, à vous refroidir un volcan en éruption. Là encore il va falloir prendre sur soi pour affronter les éléments. Mais le ski c’est aussi ça : on évolue dans un environnement hostile il ne faut pas l’oublier ce n’est pas toujours comme dans les bronzés font du ski. Il y a certes des journées parfaites avec une neige fraîche, un temps idéal, une forme olympique,... mais je peux vous dire que ce genre de journée se compte sur les doigt d’une main, la plupart du temps il faut composer avec ce que la nature nous offre et mesurer notre chance à chaque seconde malgré tout. Attendez, je parle encore du ski là, où ne serait-ce pas une philosophie de la vie ?

Allez Schopenhauer** au lit. Pour d’autres l’adversité fut la découverte d’un drôle d’engin de torture moderne nommé pudiquement téléski, mais plus prosaïquement tire-fesse, là c’est plus clair. Digne des inventions moyenâgeuse les plus retorses, le sus nommé téléski consiste à contrecarrer les effets de la gravité pour vous élever à une altitude supérieure en utilisant le fondement comme support de résistance. Mince, les profs d’EPS commencent à déteindre sur moi. Non en fait le tire-fesse vous tire simplement les fesses à condition d’exercer une certaine résistance. Et clairement tout le monde ne l’a pas compris du premier coup et certains, dont je tairais les noms, ont confondu avec télésiège. Car l’erreur du débutant en tire-fesse est de vouloir l’utiliser comme un siège, ou un lit car d’autres on finit allongés. Mais un tire-lit ça ne veut plus rien dire. L’autre erreur du débutant est de croire qu’une fois tombé du tire-fesse, vouloir garder la perche dans la main le plus longtemps possible peut encore vous sauver de cette situation très gênante ; ou alors espère-t-il une intervention divine, nous sommes près de Lourdes et l’espoir fait vivre , c’est bien connu. D’où le fameux "lachez la perche, mais lachez la perche, vous allez faire tomber tout le monde". Les connaisseurs ont l’image en tête. Trêve de plaisanterie, la plupart de nos débutants ont su triompher de cette féroce machine et peuvent fièrement vous annoncer qu’ils ont pris leur premier tire-fesse—oui personne ne dit téléski en fait...à part peut-être les professeur d’EPS.(je sais celle-là elle est gratuite)

Comme si cela ne suffisait pas dans l’adversité, quelques malchanceux ont du composer avec du matériel récalcitrant : Lorenzo a réussi un démontage de fixation sans les mains ; heureusement que M. Becker n’en a pas deux gauches, normal pour un basketteur, pour réparer ceci en pleine montagne. Certains skis se sont rebellé à l’image de ceux de Louis qui a du déchausser 192 fois hier dont un magnifique double déchaussage. J’ai même vu un ski tenter une évasion en dévalant la pente sur une centaine de mètres. Il m’a fallu le raisonner et lui dire d’être plus conciliant avec Maëlys car finir le mur glacé en monoski sur une seule jambe, ce n’était pas très sympa ; et puis il n’allait pas dévaler la montagne indéfiniment pour finir tous seul au fond de la vallée. Tout le monde s’est relevé là encore et une entente cordiale s’est noué avec ce matériel parfois ingrat.

La fin de la journée se déroula sans encombre avec un gouter classique et une soirée plus calme que la précédente. Ah si, nous avons encore eu droit à un festival de spécialités gastronomiques avec des crudités locales (?) de saison (?), mais sans le logo Agrilocal ; de la glace en dessert mais sans sable du Sahara, et un mets des plus local et d’actualité (avec un jour de retard quand même) : un couscous ..boulettes.
Pendant que j’y suis, c’est M. Blanchard qui est le lauréat du concours aujourd’hui avec oubli de casque dans la navette. Et oui à chacun son heure de gloire. Mme Laroche monte sur le podium car ce matin elle a voulu tester le air-ski***.

En tout cas sachez que tout le monde a grandi aujourd’hui. De loin cela peut paraître insignifiant ou futile, certains diront mais à quoi ça sert de savoir prendre un tire-fesse dans la vie de tout les jours ?( je l’entends souvent celle-là mais avec le mot mathématiques...). Et bien cela sert à se dépasser, cela sert à savoir se relever quand on tombe et réessayer plusieurs fois jusqu’à ce qu’on y arrive. Confucius**** disait (peut-être ?) : "La plus grande gloire n’est pas de ne jamais tomber, mais de se relever à chaque chute."
Et certains ont beaucoup chuté aujourd’hui, mais ils ont tous appris à se relever.

* Emile Coué : pape de la pensée positive passé a la postérité avec sa célèbre méthode qui est presque la contraposée de la loi de Murphy. OK j’ ai perdu tout le monde. En tout cas rien à voir avec un certain Vérac. D’ailleurs ils ont été remplacé par un dénommé Valence...

** référence un peu abstraite pour nos collégiens, Schopenhauer : philosophe Allemand du XIX siècle qui n’était pas aussi optimiste que moi sur la capacité de l’être humain à se relever et c’est un euphémisme.

*** air-ski : c’est comme le air-guitar mais avec des skis à la place de la guitare, ou plutôt sans les skis ou sans la guitare, je sais plus du coup...

****Confucius : philosophe chinois du V-ème siècle avant JC (le messie pas le musicos) qui a du dire plein de truc dont on est pas très sur mais ça fait toujours chic de dire "Comme Confucius disait" ; de toute façon on ne pourra jamais prouver qu’il ne l’a pas dit car il n’y avait pas de réseaux sociaux à l’époque.