Enquêtes policières au Moyen-Age (2003-2004) publié le 23/09/2009

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A en perdre la tête !!!
Moi Jean de Nieul, moine copiste depuis si longtemps, je me dois de raconter cette histoire avant de m’en aller pour le jugement dernier . Je suis bien vieux !

Voici l’histoire en question : En cette journée de Janvier lors de Tierce un paysan complètement frigorifié pénétra dans l’église de Nieul et s’écroula par terre. Il était vêtu d’une tunique, de chausses, et il avait une ceinture. Nous l’emmenâmes à l’ infirmerie. La journée se déroula alors normalement. Il reprit connaissance vers None. Le soir, comme tout le monde dormait, quelqu’un traversa le cloître. Le lendemain après Prime, nous découvrîmes des traces de pas dans le cloître,la porte du dortoir était ouverte et une flaque de sang, tachait le sol près du coffre. L’abbé et le cellérier avaient disparu ! Je décidai de mener l’enquête. Deux moines furent attirés par quelque chose d’étrange au fond du puits : l’eau était trouble.
En regardant de plus près, horreur ! : c’était une tête, oui, une tête qui flottait à la surface.

C’était celle de l’abbé et là, entre ses dents, ils découvrirent une clé de bronze.
Ils allèrent prévenir le prieur, effarés par leur macabre découverte.
Celui-ci prit la clé et l’essaya dans toutes les portes de l’abbaye sans succès.

Entre sexte et none, après le repas en allant faire ma courte sieste, je suis passé devant le coffre et je me décidai à l’ouvrir avec la fameuse clé.
Miracle ! Elle ouvrit le coffre et je découvris avec stupéfaction le corps du cellérier et celui de l’ abbé. Horrifié je décidai de prévenir tous les moines.
Le coffre avait été vidé des titres de propriété et de la bourse de l’abbaye.
Plus tard, en allant au refectorum, je retrouvai les titres de l’abbaye cachés sous une pierre mal scellée du lavabo. Un moine me surprit et il m’accusa de tous les méfaits qui avaient été commis dans la nuit précédente.

Je fus conduit devant le prieur et il me menaça d’excommunication sans que j’aie le temps de me défendre. J’ai supplié : « laissez moi trois jours pour élucider ce mystère, je trouverai le coupable. » Le prieur répondit : « je te laisse trois jours et pas un de plus. Si tu échoues tu seras excommunié. »
Sans perdre une minute, j’enquêtai autour du coffre. Il ne s’ agissait pas, pour, moi de perdre la tête !
Le premier jour, j’appris que Pierre le portier avait été mystérieusement agressé !
Je lui demandai ce qu’il avait vu :
« Une silhouette étrange a surgi de l’ombre derrière moi, j’ai senti un coup violent et me suis évanoui. Je me suis retrouvé, là, à l’ infirmerie ».
Je remarquai, que le lit voisin était occupé par celui qui avait pénétré dans l’église deux jours plus tôt.
Il était maintenant réchauffé et reposé.
Je vis qu’il y avait quelque chose de louche dans son regard. Je commençai à avoir des soupçons sur ce paysan.
Le deuxième jour donc, une idée me vient à l’esprit.
Je décidai de comparer mes sandales aux traces de pas trouvées dans le cloître.
Cela pouvait me permettre de m’innocenter et de savoir si la personne qui avait commis ces crimes était un moine ou pas.
Les traces trouvées dans le cloître ne pouvaient appartenir à aucun d’entre nous.
J’allais chercher le prieur pour lui expliquer ma découverte et lui prouver que j’étais innocent. Je n’ avais pas eu besoin de trois jours !
Il me dit : « Ceci est une bonne nouvelle mais trouve le coupable. »
Je lui répondis : « Je soupçonne un paysan qui est entré dans l’église. »
Je décidai d’« emprunter » une chaussure de notre homme pendant son sommeil.
Elle convenait parfaitement aux empreintes laissées dans le cloître.
J’allai voir le prieur et je lui fis part de ma découverte.
Il me dit « Je veux bien mettre 6 moines à ton service pour arrêter le paysan que nous soupçonnons et que nous avons accueilli.
J’interrogeai l’homme dans le chauffoir et je vis qu’il manquait un morceau de tissu bleu à sa tunique.
Je lui fis remarquer ce détail et il s’enfuit du chauffoir en traversant le cloître.
Il décida de couper par le puits mais je réussis à l’attraper. Je pris mon couteau en le menaçant de le tuer s’il bougeait.
Je lui demandai d’avouer mais il ne me répondit pas.
J’appelai les autres moines et pris par le nombre, il décida de parler : « J’avoue, c’est moi qui ai assassiné ces moines car je voulais me venger de l’affront qu’ils m’ont fait subir. »
Je lui demandai : quel affront ?
Il me répondit :
« Je suis un ancien novice qui a été refusé.
Je les ai tués pour me venger. »
Il me donna un coup de coude qui me mit par terre.
Il essaya de s’enfuir par l’église mais l’infirmier ferma la porte. L’homme était pris au piège et nous le livrâmes au seigneur de Nieul.
Mon histoire est terminée mais nul ne sut ce qui est arrivé au meurtrier.
Toute ma vie j’ai été fier d’avoir pu prouver mon innocence en moins de trois jour, mais très malheureux d’avoir pu être soupçonné !
Je peux me présenter maintenant devant Dieu sans avoir peur d’ être excommunié !

FIN