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Rencontre de Georges Villard, dernier rescapé français de Dora avec des élèves de 3° publié le 12/12/2023

Le mardi 21 novembre à 14h, les classes de 3 B et de 3D du collège Jean Rostand ont eu l’honneur de rencontrer Monsieur Georges Villard, le dernier survivant français du camp de concentration nazi de Dora, situé en Allemagne dans le land de Thuringe, où, entre 1943 et 1945, les prisonniers de diverses nationalités assemblaient les pièces des missiles V1 et V2, projectiles conçus par l’ingénieur Wherner Von Braun.

Pour les adolescents et pour les adultes présents dans la salle du collège, cette rencontre est un moment très émouvant car pendant une heure, on peut écouter et regarder une personne qui a éprouvé dans son corps et son esprit les horreurs du vingtième siècle. Ainsi, avec Georges Villard, le récit historique s’incarne réellement. A l’âge de dix-huit ans, il est arrêté au cours d’une rafle par l’armée allemande, la veille de Noël, en 1943, dans la périphérie de Grenoble, où il vit et apprend le métier de bottier. Transféré dans le camp de Compiègne, au nord-est de Paris, il est d’abord déporté à Buchenwald. Un médecin à Compiègne lui donnera un conseil capital pour survivre aux conditions inhumaines du voyage : « Bois ton urine ». Cette phrase semble gravée dans la mémoire de Georges Villard, qui quatre-vingts ans plus tard, n’a pas oublié la parole de ce médecin. Il décrit ensuite comment les traitements infligés à Buchenwald le privent de son humanité : rasé intégralement, il devient physiquement méconnaissable, son nom disparaît, remplacé par un numéro de matricule ; chosifié par les SS, on le réduit à l’état d’esclave. Quelques mois passent, il est déplacé à Dora, où il fera partie des contingents de prisonniers qui construiront le second tunnel dans lequel les nazis veulent aménager l’usine de fabrication des missiles V1 et V2. Pendant cinq mois, il restera dans l’obscurité du tunnel, sans jamais voir la lumière du jour, pour réaliser des travaux de terrassement éreintants qui provoqueront la mort de nombreux forçats. C’est l’enfer de Dora. Malade, on le transporte à Bergen-Belsen, où on est censé prendre en charge les prisonniers de santé fragile. Là-bas, cobayes parmi d’autres cobayes, on lui inocule le typhus. Il y survivra. Après ce séjour dans un autre enfer, il retourne à Dora et se fait passer pour électricien afin de bénéficier de meilleurs conditions de vie au quotidien.

Pour Georges Villard, l’expérience extrême des horreurs de la nature humaine fut double : il a été confronté à la cruauté sans limite des hommes et a vécu l’aliénation absolue pendant deux ans. Toutefois, pendant ces deux années, il garde en tête des mots qui résonnent comme un leitmotiv au cours de son témoignage : « Ils m’auront pas ». Cette force mentale lui permet de rester debout, de rester humain. La volonté de revoir sa famille l’aidera aussi beaucoup à résister à l’atrocité du camp. Après l’évacuation de Dora et un long chemin pour rentrer en France, Georges Villard retrouvent les siens, qui n’ont pas eu de nouvelles de lui depuis son arrestation. Il lui faudra plus d’un an pour « redevenir lui-même » . Pendant un an, il dormira par terre, étant incapable de s’allonger la nuit sur son lit. A la fin de son intervention, Georges Villard s’interroge sur l’efficacité de son témoignage tant est inimaginable la cruauté dont il a été victime avec les autres déportés. Comment transmettre ce que des mots peuvent difficilement exprimer ? C’est ce qui rend encore plus poignant ce moment car même le temps qui a passé ne peut en rien atténuer l’horreur et la difficulté de raconter cette expérience. Sans aucun doute, les élèves ont été touchés, certains bouleversés, par la parole précieuse du dernier rescapé de Dora dont la simplicité, l’énergie et la générosité ne peuvent que susciter l’admiration.