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Histoire et mémoires du camp de Dora publié le 14/11/2023  - mis à jour le 15/11/2023

Histoire et mémoires du camp de Dora

Histoire et mémoires du camp de Dora

Le mercredi 18 octobre, les classes de troisièmes B et D du collège Jean Rostand se sont rendues à la salle des fêtes de Chasseneuil-sur-Bonnieure pour rencontrer l’historien Laurent Thiery, le dramaturge Jean-Pierre Thiercelin et l’auteur de bande dessinée Robin Walter . Ces trois personnes sont liées à l’histoire du camp de Dora : Laurent Thiery est un spécialiste de la déportation, J. P Thiercelin est fils de déporté et Robin Walter petit-fils de déporté. Ce rendez-vous vient couronner un travail interdisciplinaire mené sur l’histoire de Dora, dernier camp de concentration voulu par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale.
Dans la première intervention, Laurent Thiery raconte l’histoire spécifique du camp de Dora, dont la vocation était de fabriquer des missiles V2, conçus par l’ingénieur Wherner Von Braun. L’usine souterraine était installée dans deux très longs tunnels. Plongés dans l’humidité, l’obscurité et l’insalubrité, soumis à des tâches inhumaines, à des cadences insupportables et à une violence impensable, les prisonniers connaissent l’« enfer » de Dora. Sur les 60 000 personnes qui seront incarcérées entre août 1943 et avril 1945, 20 000 prisonniers mourront des suites des mauvais traitements, des maladies et des conditions de vie insoutenables imposés par les SS dans ce camp. L’exposé de Monsieur Thiery est passionnant et les élèves posent de nombreuses questions à l’issue de la conférence.
Jean-Pierre Thiercelin succède à l’historien et nous lit des scènes de sa pièce intitulée De l’enfer à la lune, livre qu’il a rédigé en 2005 dans le but de transmettre la mémoire de la déportation de son père, ancien prisonnier de Dora. Les élèves Sacha Brégeon et Clara Delage répondent à l’appel du comédien et se joignent à lui pour l’accompagner dans sa lecture. L’énergie de l’homme de théâtre, le volontarisme des élèves et le pouvoir de l’imagination créent une vraie rencontre entre deux générations éloignées, concrétisant ainsi la transmission de la mémoire.
Enfin, Robin Walter prend la parole pour nous expliquer comment il a composé ses deux albums consacrés à Dora et à Wherner Von Braun. Son grand-père est un rescapé de ce camp. Ce dernier n’a jamais évoqué cette expérience traumatisante et finalement il décide de rédiger son témoignage et d’en imprimer un exemplaire pour chacun des membres de sa famille, en 1999, au moment de Noël. Cet événement est un véritable choc pour le jeune Robin Walter, profondément ému par les souffrances endurées par son grand-père, sincèrement scandalisé par le peu de récits historiques consacrés à Dora. Engagé dans des études d’art graphique, il est marqué par la lecture de Maus, œuvre d’Art Spiegelman qui révèle le pouvoir de la bande dessinée dans l’évocation de la Shoah. Il prend alors conscience de la nécessité d’écrire l’histoire du camp dans une fiction, intitulée KZ Dora, parue en 2011, récit-chorale qui restitue les points de vue distincts de personnages impliqués volontairement ou non dans l’histoire de Dora. Dix ans plus tard, animé par le sentiment d’injustice dont sont victimes les rescapés, il publiera Von Braun dans le but d’explorer l’histoire du camp à travers la carrière incroyable du scientifique Von Braun, célébré comme un héros aux Etats-Unis malgré son passé nazi.
Les élèves et les professeurs ont vécu un moment privilégié au contact de ces trois personnes qui dans leur domaine respectif, selon des modalités spécifiques, l’approche scientifique historique, le langage théâtral, le récit en image, transmettent l’histoire et la mémoire de Dora dans des formes de témoignages stimulantes et émouvantes.

Document joint
un document 20231018_103008 (PDF de 49.2 ko)