Education et actions contre le racisme et l'antisémitisme publié le 26/03/2024
Le 21 mars a été proclamé "Journée internationale pour l’élimination de la discrimination raciale" en 1966 par l’Assemblée générale des Nations Unies. En 2024, la Semaine d’éducation contre le racisme et l’antisémitisme s’est déroulée du 18 au 24 mars. Cette semaine organisée en partenariat avec la Délégation Interministérielle à la Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH) constitue un grand temps fédérateur visant à promouvoir les valeurs et les principes fondamentaux de la République. Son objectif est de sensibiliser les élèves des écoles, collèges et lycées, à la prévention du racisme, de l’antisémitisme et de toutes les formes de discriminations, à faire acquérir par tous les élèves le respect de l’égale dignité des êtres humains, quelles que soient leurs origines, leur condition, leurs convictions.
Les élèves de 3ème Corail ont longuement travaillé dans le cadre du cours de français sur la problématique En quoi la littérature permet-elle d’atteindre l’autre et de dénoncer toutes formes de discrimination ?. Pour cela ils ont analysé Un Secret de Philippe Grimbert. Dans son œuvre, l’auteur aborde un tabou familial lié à la Shoah. Il insiste sur le pouvoir libérateur de la parole et sur la nécessité de savoir d’où l’on vient pour savoir qui l’on est vraiment. En effet, on lui a longtemps fait croire qu’il était fils unique et chrétien. Or, il n’en est rien. Il est juif et avait un demi-frère qui a été déporté et gazé à Auschwitz, enfant sacrifié sur l’autel de l’amour blessé de sa mère et enfant victime de la folie de certains hommes. La découverte du secret sera pour lui une renaissance. Plus tard, il délivrera, par sa parole, ses parents des chaînes du mensonge. Il offrira avec son livre et ses mots une sépulture à ce frère que l’on a tué deux fois en l’effaçant de l’histoire familiale. Ce roman pose la question de l’identité et de l’égalité : le père du narrateur s’est battu toute sa vie, en bon lutteur qu’il était, pour effacer ses origines juives. Il voulait en effet être considéré pour ce qu’il était et non être stigmatisé et catégorisé en tant que juif.
Les élèves ont ensuite travaillé sur Une jeunesse au temps de la Shoah de Simone Veil. Ils ont découvert avec ce livre l’horreur des camps de concentration et l’enfer que l’autrice vit à la libération des camps. Ils prennent également conscience du silence qui entoure la Shoah à la fin de la guerre et de l’enjeu de l’écrit de Simone Veil : nécessité de parler, de se souvenir face aux œillères générales (« Nous souhaitions parler, et on ne voulait pas nous écouter. »). Ils mesurent également les inégalités hommes-femmes dans le couple, les études et le monde professionnel après que Simone a repris une vie « normale ». Ces thématiques ont été abordées dans la séquence suivante à partir d’un groupement de documents textuels et iconographiques sur l’évolution de la place femme dans la société. Ils ont enregistré par la suite un billet d’humeur pour dénoncer une discrimination de leur choix évoquée dans l’actualité. Aussi les insultes racistes dont a été victime le 20 janvier 2024 le footballer, Mike Maignan, ont-elles été souvent abordées par les élèves.
Ils ont en outre produit des booktrailers pour découvrir et faire découvrir des histoires liées à la Shoah, et des hommes et des femmes qui ont, au péril de leur vie parfois, soutenu et aidé les juifs pendant la guerre : les Justes.
Tout le travail mené a permis d’ouvrir un champ de réflexion plus vaste sur toutes les formes de discrimination. Les élèves qui se sont exprimés le 15 mars 2024 lors du concours d’éloquence interne à l’établissement, ont fait entendre leur voix pour lutter contre toutes formes de ségrégation. Le sujet, L’égalité, chimère ou réalité ?, avait en effet pour vocation de mettre en lumière les inégalités et discriminations actuelles et de défendre des valeurs humanistes dans l’espoir que l’Histoire cesse un jour de se répéter et que la concorde, l’égalité et la fraternité ne soient plus que des mots mais une réalité.
Projet porté par Madame DELUBRIAC, professeure de Lettres