Rencontre avec un journaliste syrien réfugié en France publié le 02/04/2023

Le lundi 30 janvier 2023, la classe de première Histoire Géographie Géopolitique et Sciences Politiques du lycée Guy Chauvet a fait la rencontre du journaliste syrien, Manar Rachwani. Au cours de son intervention, il nous a fait part de son parcours.

Il a commencé par nous raconter comment il est arrivé en France. Tout d’abord en 1982, en Syrie, a lieu le massacre de Hama. On dénombre entre 20000 et 40000 décès et entre 10000 et 15000 disparus de force. Suite à ce massacre, il a dû quitter la Syrie à 8 ans pour s’exiler en Jordanie avec son frère et sa mère.
Certains membres de sa famille ont décidé de s’exiler en Jordanie et d’autres de rester en Syrie. Certains de ses proches ont disparu depuis ce massacre comme deux de ses cousins. Il pense qu’ils ont été torturés.

Il a vécu toute sa vie en Jordanie. Il y a obtenu un master en sciences politiques ainsi qu’une licence de droit. Ainsi, il est devenu journaliste. Sa situation est exceptionnelle, car normalement on ne peut devenir journaliste en Jordanie sans y être originaire. Mais le besoin de journalistes dans le pays a fait qu’il a été accepté. Il a été rédacteur en chef, chroniqueur puis éditorialiste en chef dans un quotidien.

Puis Manar Rachwani s’est confié sur la liberté de la presse en Jordanie qui a connu trois tournants. En avril 1989, des manifestations économiques éclatent en Jordanie contre le gouvernement. Entre 2001 et 2003, se déroulent des attentats aux Etats-Unis notamment celui du 11 septembre 2001, qui sont suivis de l’invasion de l’Irak. L’Irak se situe à la frontière avec la Jordanie. Enfin, en 2011 se passe le printemps arabe.

Avant de quitter la Jordanie, il s’est fait interroger 4 fois et 2 fois il a cru qu’il allait se faire arrêter. Il avait peur qu’ils utilisent sa mère comme moyen de pression. La censure est présente en Jordanie, c’est-à-dire qu’il y a une censure des médias ou même une autocensure.

Manar Rachwani a reçu beaucoup d’aide de l’Ambassade de France pour quitter la Jordanie qui est la seule ambassade à l’avoir aidé. Quand des personnes sont menacées, on leur donne des visas pour quitter le pays. Les visas sont normalement faits en 1 an mais pour eux, ils sont faits en seulement 1 mois. Ils sont arrivés en France rapidement grâce à l’ambassade de France.

Depuis qu’il est en France, il a un sentiment de sécurité, de protection quand il croise un policier dans la rue. Il ne se sent pas menacé. En effet, dans les pays arabes la police pouvait être brutale avec eux. Et on lui mettait des bâtons dans les roues pour ne pas accepter ses papiers et son dossier pour quitter le pays. Il dit que les personnes sont toujours gentilles vis-a-vis de lui, même si c’est un réfugié.

Mais beaucoup de sujets sont interdits, en effet on les appelle les six lignes rouges dans le monde arabe. C’est-à-dire qu’il est interdit de parler du roi et de la famille royale ou du président, du pouvoir judiciaire, de la valeur de la monnaie nationale, de l’armée y compris la police secrète et enfin des Etats du Golfe c’est-à-dire l’Arabie Saoudite, les Emirates Arabes Unis… Par contre, il peut parler de l’éducation, de la pauvreté et de la corruption sous certaines conditions. L’Etat a un contrôle absolu sur l’image qui doit toujours être approuvée.
Manar Rachwani a donné plusieurs conseils. Premièrement, il croit à la valeur de l’enseignement, et il demande de bien faire attention aux sources que l’on utilise. Car certains médias vont utiliser de fausses informations et certains utilisateurs vont répandre de la désinformation. C’est pour cela, qu’il faut vérifier et comparer les sources pour se faire sa propre opinion.

Enfin, en tant que journaliste, il est concentré sur la liberté de la presse en Syrie, il est arrivé en France le 21 octobre 2021 à la maison des journalistes en janvier 2022. Elle est créée en 2002, et compte 480 journalistes dans 72 pays différents, elle est donc multiculturelle. Dorénavant, il vit à Paris et compte rester en France. Il dit que la Syrie est un pays divisé et que s’il remettait un pied en Syrie, il serait arrêté et torturé. Il n’est donc jamais retourné en Syrie, ni ses parents, ses frères et sa famille.

Compte rendu réalisé par Flora Plisson et Charlène Millet élèves de 1ère générale avec spécialité HGGSP.

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