Le lycée Guez de Balzac d'hier et d'aujourd'hui : quelques repères historiques publié le 25/05/2009  - mis à jour le 12/05/2015

De la Renaissance à la Révolution

Dès la Renaissance, François 1er établit une Université à Angoulême et un collège s’installa en 1541 dans des bâtiments situés en face de l’évêché.
En dépit des troubles liés aux guerres de religion, l’école put s’organiser et s’agrandir.
Il n’ y avait cependant que des classes allant de la 6e à la fin de la 3e : le latin était la matière privilégiée et les Sciences négligées.
C’est pendant cette période que Jean-Louis Guez de Balzac, écrivain et principal artisan de la rénovation de la prose française, fut élève de l’établissement qui porte son nom depuis 1962.

Le collège, appelé « collège Saint Louis » passa sous la direction des Jésuites de 1622 jusqu’à la dissolution de leur ordre en 1762.
Un enseignement complet fut alors proposé de la 6e à la deuxième année de philosophie (dite classe de physique) où les Sciences sont étudiées pendant deux mois, mais il n’ y a « pas de machines pour les expériences ni de maîtres pour les tenter ».
« Vers le milieu du 18e siècle, on se procure quelques instruments : une machine électrique et une machine pneumatique fabriquée à Paris en 1749. Le matériel de la cosmographie se compose de deux sphères, l’une céleste, l’autre terrestre, composées en 1599 par le Hollandais Guillaume Janssen ».
Mais des idées nouvelles apparaissaient, tandis que le goût pour un enseignement indépendant se développait.
Les Jésuites, quant à eux, défenseurs de la Monarchie absolue et de l’ultramontanisme comptaient beaucoup d’ennemis..

Par un arrêt du Parlement de Paris (1761), il leur fut interdit d’enseigner et aux familles d’envoyer leurs enfants dans les collèges de Jésuites.
Avec leur départ en 1762, le collège entra en décadence.
Son enseignement fut réduit à la langue latine ; la Physique disparut ; seule l’éducation religieuse ne fut pas négligée.
Le nombre d’élèves diminua : en 1789, le collège avait perdu toute son ancienne renommée (fin 1765, il y avait 130 élèves ; en 1789, on en dénombre entre 20 et 30).


A la Révolution, le Collège devient "Ecole centrale"

Avec la Révolution et sous le Directoire, en raison de la situation politique troublée, le collège déclina encore.
En 1795, il n’ y avait plus d’élèves, sauf cinq boursiers.
Cependant, la Convention vota cette année-là deux lois qui dégageaient l’instruction publique de toute tendance confessionnelle ; l’esprit scientifique pénétrait dans les programmes.
Des « Ecoles centrales » à Paris et dans les départements prirent la place des anciens collèges.
Celle d’Angoulême s’installa dans l’ancienne sacristie de l’église Saint Pierre.
Le nombre d’élèves s’éleva jusqu’ à 200.
En 1799, les bâtiments de l’abbaye de Beaulieu, situés à l’extrémité du promontoire dominant la vallée de la Charente, devenus biens nationaux, furent attribués à l’école.

Pour leur aménagement, des travaux urgents furent décidés et durèrent jusqu’ en 1803. Mais il fallut 40 ans pour reconstruire entièrement l’édifice.
L’enseignement de l’Ecole centrale introduisait des innovations : l’enseignement des Sciences exactes et expérimentales : le cours qui obtint le plus de succès fut celui de mathématique élémentaire inauguré en l’an V ; dès lors, sa place ne lui fut plus contestée.
L’enseignement de la Physique et de l’ Histoire Naturelle fut créé à son tour.
En fait, « la Physique et la Chimie étaient déjà constituées dès la fin du 18e siècle, mais le public n’en comprenait pas encore l’importance. D’ autre part, il fallait créer les collections d’instruments et de machines nécessaires, au moins pour les principales expériences. Le cours, organisé une première fois au printemps de l’ an V (1797) ne réussit pas, malgré le zèle du professeur, qui, n’ayant rien sous la main pour ses démonstrations, se contentait de décrire les expériences sans pouvoir les faire ».
On s’efforça de rassembler des instruments de provenance diverse, mais faute de matériel suffisant, le cours fut déserté par les élèves. D ‘autre part, le temps lui manqua pour acquérir plus d’ampleur : avec les décrets de l’an IX et de l’an XII, les Ecoles centrales disparaissaient.


Sous le 1er Empire, le collège communal

Bonaparte leur substitua un petit nombre de lycées et laissa aux particuliers et aux communes le soin d’établir des écoles secondaires.
Celle d’Angoulême fut créée à Beaulieu à partir de 1804 : les enfants des gens aisés furent envoyés ailleurs, dans des lycées.
Cependant, Napoléon résolut de donner à l’Etat le monopole le l’enseignement et de l’éducation : l’établissement, réorganisé en 1810, ne cessa de progresser depuis cette époque et atteignit à nouveau une moyenne de 200 à 210 élèves.
Au collège communal, on assista à un retour partiel de l’ancien système d’instruction : le latin y était l’objet essentiel de l’enseignement ; la religion était considérée comme le fondement de l’éducation ; les Sciences, Sciences physiques et historiques étaient négligées.
« C’est seulement en 1824 que le régent des Sciences obtient quelques instruments de Physique nécessaires à son cours qu’il réclamait depuis longtemps ».


En 1840, le collège communal devint collège royal

Les bâtiments de Beaulieu seront rénovés jusqu’ en 1846 sous la direction de l’architecte Abadie père et l’école, provisoirement transportée à l’école de marine de la ville.
Lycée depuis la Révolution de 1848, lycée impérial en 1852 (on en devine encore l’inscription au sommet de la grande porte d’entrée), l’école accueillit encore plus d’élèves grâce aux agrandissements successifs auxquels la ville procéda.
Comme pour les autres lycées, les améliorations portèrent aussi sur l’enseignement, davantage centré sur les Sciences appliquées et sur les langues vivantes.


Le lycée de la 3e République

Sous la Troisième République, le lycée continua à se développer sans rien perdre, de ses traditions : journées rythmées par les roulements du tambour (jusque dans les années 30), blouse noire ou grise des élèves, habit strict des professeurs, solennité des compositions et de la proclamation des résultats, un mode de vie célébré ou raillé par certains, mais qui conférait à l’école son identité et sa réputation.
La scolarité, d’une durée de sept ans de la 6e à la Terminale, débouchait sur le baccalauréat à l’issue de la classe de philosophie ou de mathématiques élémentaires.
S’adressant à une catégorie sociale, celle de la Bourgeoisie moyenne, mais recrutant aussi dans des milieux plus modestes grâce au système des boursiers, le lycée demeura jusqu’ à la deuxième guerre mondiale « le principal, foyer de l’instruction dans une province où le libéralisme sage, le tempérament modéré, la culture d’esprit des classes moyennes, sont en grande partie l’effet de l’influence qu’il a exercé dans le passé ».


Vers le lycée d’aujourd’hui

Depuis, le lycée a conservé sa renommée mais bien des choses ont changé :les effectifs ont continué à croître (de moins de 500 en 1950, on est passé à près de 1200 élèves), l’enseignement s’est démocratisé et s’adresse à un plus grand nombre, la discipline s’est assouplie, les jeunes filles ont fait leur apparition dans les années soixante et représentent maintenant 60% de la population lycéenne, les classes de premier cycle (de la 6e à la 3e) ont disparu tandis que se sont adjointes au second cycle (secondes, premières, terminales) des classes préparatoires littéraires et scientifiques …


Et pourtant, le présent et le passé demeurent étroitement reliés

Le lycée vit toujours dans le quartier Beaulieu. Les bâtiments actuels sont encore en grande partie l’œuvre de l’architecte Abadie, mais cet ensemble imposant néo-classique n’a pas empêché les nécessaires évolutions de l’enseignement et de la vie scolaire. Les dernières rénovations, les travaux en cours, permettent à la communauté scolaire de bénéficier de salles de classe modernes, spécialisées ainsi que de locaux de restauration et des internats agréables et fonctionnels.
Aujourd’hui comme hier, en raison de la poussée des effectifs et de la nécessité d’accompagner matériellement les réformes scolaires (nouveaux contenus et méthodes conduisant à de nouvelles pratiques dévoreuses d’espaces : centre d’information et de documentation, salles informatiques et multimédia, pédagogie de projets, ouverture sur l’ extérieur…), l’expansion du lycée nécessite un questionnement régulier sur la destination et l’aménagement des locaux et des travaux fréquents pour qu’avec de l’ancien on fasse du nouveau.
Elle s’accompagne d’une réflexion permanente sur « l’héritage » que constituent les riches collections du lycée (collections de Sciences physiques et d’Histoire naturelle, ouvrages et documents d’archives), leur actualité, leur utilisation, leur sauvegarde et leur maintien.