Témoignage d'un jeune migrant auprès des 4C et 4B publié le 04/03/2021

Dans le cadre du programme d’Histoire-géographie, les 4es étudient le thème des migrants.
Nous avons eu la chance, grâce à M. Jayat qui travaille dans les services sociaux auprès de jeunes migrants, d’écouter vendredi 26 février le témoignage poignant d’Amir, un jeune homme irakien de 22 ans vivant en France depuis cinq ans. Il est venu au collège en compagnie de M. Jayat.

Amir a quitté son pays à cause de la guerre et du poids oppressant de la religion musulmane radicalisée. Il nous a expliqué que dans son pays on ne doit pas sortir la nuit, écouter de la musique dans une voiture, boire de l’alcool, sortir en tenant sa petite amie par la main. Tout cela est passible de mort !
Il a réussi, grâce à un faux passeport turc, à prendre un avion qui lui a permis d’atteindre la Turquie. Il a alors cherché un passeur pour gagner la Grèce. Mais il s’est fait arrêter avec son faux passeport et a passé 6 mois en prison. En Turquie, pour manger ou tout simplement aller aux toilettes, quand on est en prison, il faut payer. Amir, grâce à l’aide financière de son père resté en Irak, a pu survivre en prison. A sa sortie, il a enfin trouvé un passeur fiable, après de longues recherches (car il y a bien sûr beaucoup d’escrocs) et il a embarqué avec 139 personnes, à 3h du matin, sur un canot pneumatique fait pour transporter 10 personnes. Le passeur a demandé 1200€ pour fournir le bateau. La traversée, sans pilote expérimenté, a duré 3h au lieu 1/2h. 40 personnes n’ont pas survécu à cette traversée et sont tombées à l’eau sans savoir nager, essentiellement des enfants et adolescents assis sur les bords du bateau. Tout cela a bien sûr beaucoup marqué Amir qui avait déjà côtoyé la mort en Irak. Pendant un an, il a fait de très nombreux cauchemars.
Une fois en Grèce, Amir a été pris en charge en tant que mineur migrant et a dû attendre des papiers officiels avant de pouvoir accéder à son pays d’accueil : la France.

Il est alors arrivé en Charente Maritime où il a été accueilli par des bénévoles qui se sont si bien occupés de lui qu’il a appris à parler français en peu de temps. Il a aussi obtenu assez rapidement les papiers lui permettant de vivre et travailler en France. Il avait alors 17.5 ans.

Après différents métiers qu’il a exercés sans passion mais qui lui ont permis de vivre, il a pu enfin travailler dans le domaine qui l’intéressait : s’occuper de jeunes dans les services sociaux. Il travaille de nuit, comme M. Jayat, mais tous deux ont eu la grande gentillesse de venir de bon matin au collège afin de faire comprendre à des élèves de 4e ce qu’est la vie d’un migrant, pourquoi on quitte ainsi sa famille et son pays natal, comment on survit.

M. Jayat a ajouté que de nombreux jeunes migrent car ils sont homosexuels et donc condamnés à mort dans leur pays. La plupart des jeunes migrants ont vécu un voyage très difficile, comme ce jeune Afghan qui a fait une partie du trajet dans le coffre d’une voiture avec 4 autres personnes puis qui a fini le trajet à pied sur des centaines de kilomètres.

Nous remercions Amir et M. Jayat pour cette expérience très enrichissante et très concrète.