Rencontre avec Fred Murie publié le 09/11/2010  - mis à jour le 21/06/2016

L’exposition

L’exposition intervalles² se déploie au Carré Amelot en installant un réseau d’œuvres numériques, interactives et plastiques. Du hall à la salle multimédia, en franchissant les différents paliers, le spectateur averti et le festivalier passant, naviguent entre mythe et réalité. Quant à l’internaute curieux, il découvre à l’adresse internet une mise en perspective de cette exposition et participera malgré lui à l’œuvre intitulée En deçà.
De la cave au grenier, l’enfant s’invente des mondes, son monde. L’espace commun devient un théâtre d’ombres et de lumières où se projette un désir d’au-delà. Une fenêtre devient un vitrail numérique, une lampe révèle un en deçà, le sol est ponctué de signaux, les reflets s’animent, les cieux nous tombent sur la tête.
Les pièces exposées sont intégrées à l’environnement pour troubler notre vision du réel et en dévoiler d’autres facettes. À la manière d’un oxymore, elles jouent du contraste, non pas pour représenter un monde binaire, mais pour entrevoir sa complexité. Ainsi, les oppositions dessus/dessous, intérieur/extérieur, réel/virtuel, art/technologie, artiste/spectateur... sont envisagées comme des couples séparés par une certaine distance.
Et c’est dans cet intervalle que se situe leur possible rencontre.

Les œuvres

  • Les infratextes
    Impressions adhésives au sol

Les infratextes composent un parcours discret à travers des panneaux signalant un prétexte à dire le dessous de la surface. Aphoriques pour le fond, routiers pour la forme, rythmiques pour l’espace, horizontaux pour le plan, adhésifs pour le sol.
Ils sont composés dans un modèle commun : des panneaux d’entrée de ville. Par ailleurs, l’utilisation des abréviations s/ (sur) ou s/s (sous) articule leur densité entre deux niveaux.
Disposés au sol, dans le dédale du Carré Amelot, les infratextes sont autant d’invitations à franchir le seuil de l’exposition.

  • Des nouvelles du jour
    Dalles LCD, cartes électroniques, châssis métallique

La fenêtre est la parfaite métaphore de l’œil, en tant qu’interface entre nos univers intérieurs et le monde. Les vitraux gothiques avaient, eux, pour fonction de transformer la lumière du jour en lumière spirituelle, en la chargeant d’un message-image, faisant entrer la présence divine dans les églises. Faut-il voir dans l’écran numérique, désormais omniprésent, l’équivalent technologique d’un vitrail qui pourrait délivrer tous les messages ? La pièce Des nouvelles du jour, entend donner une forme plastique aux questions relatives aux flux d’informations qui traversent le réseau internet et ses modes d’exposition, par la création d’un vitrail électronique.
Composée de 4 grands écrans LCD modifiés pour être transparents au regard, l’œuvre est assemblée en mur d’images par une structure métallique rappelant les baguettes de plomb utilisées pour l’assemblage des vitraux.
Intégré à l’architecture du lieu d’exposition, ce vitrail électronique constituera une véritable fenêtre, autorisant un regard sur l’extérieur (sur la réalité du jour, ici et maintenant), en même temps qu’il diffusera en temps réel des flux d’actualités internet, traduits sous une forme graphique par un cryptage algorithmique.

Flavien Théry
avec la collaboration de Fred Murie

  • En deçà
    Projection au sol, lampe torche interactive

Un fleuve souterrain traverse l’ancien arsenal de La Rochelle. Il semble qu’il soit en lien avec le réseau internet. En effet, de récentes fouilles ont mis en lumière la présence d’organismes se nourrissant des connexions à un espace web, le site de l’exposition.
Chacune de ces lucioles aquatiques vit en symbiose avec un internaute. Une simple connexion à cette page crée un avatar, une luciole qui croît avec la durée des visites.

Si l’internaute est connecté, la luciole s’anime, sinon, elle se repose, presque éteinte, au fond du fleuve.
Ce chantier de fouille est délimité par quelques planches, au rez-de-chaussée du Carré Amelot. Mais seule une lampe torche infrarouge permet de révéler l’existence du fleuve et de ces organismes numériques. Le visiteur est donc invité, en amont, à coloniser ce microcosme, et en aval, à faire l’expérience d’une excavation mythologique.

Fred Murie
avec la collaboration de Flavien Théry

  • Le masque
    Miroir sans tain, cadre numérique, socle

Penchez-vous afin de contempler votre reflet. Le masque vous y attend.
Ajustez-le à votre visage, et c’est un autre que vous verrez, entre vous et moi. Mais méfiez-vous, ce masque a le pouvoir de rester incrusté à jamais. Ne souriez pas, j’en suis la preuve vivante. Car ce visage n’a pas toujours été le mien.
Là encore, c’est une expérience physique troublante qui est proposée au visiteur. Le visage du regardant est altéré par le visage du regardé. Et ce visage animé semble se regarder à travers le regardant, avec ses yeux.
Le visiteur se posera-t-il la question de l’Identité, de la relation à l’autre, de sa continuité temporelle ? Qui de lui ou de son reflet pourra y répondre ?

Fred Murie
avec la collaboration de Flavien Théry

  • Le déluge
    Projection sur plexis dépoli, chasse d’eau interactive

J’ai toujours rêvé d’un plafond renaissance dans mon salon. Ou plutôt une douche renaissance. Les cieux, vus par les grands maîtres italiens, en diaporama interactif. Avec une chasse d’eau en guise de déluge. Histoire de mesurer le chemin parcouru... et à parcourir.
L’art est comme la lumière, il est fait de continuité et de ruptures. La Renaissance est la période qui illustre le mieux ce phénomène et représente pour beaucoup la quintessence de l’art. Mais le contemporain en pèlerinage à Florence peut se demander ce qui relie Michel-Ange à Duchamp.
Peut-être le désir de noyer le plafond ?

Fred Murie
avec la collaboration de Flavien Théry

  • fredmurie point net
    Site internet, espace d’exposition et d’expérimentation

Le site fredmurie point net fait partie intégrante de l’exposition.
De par la page de présentation intervalles² où l’internaute peut visualiser et manipuler l’espace d’exposition, où il peut situer et se représenter les œuvres, et où il est impliqué à son insu dans une des œuvres (cf. En deçà).
De par l’ensemble du site qui est consultable sur des postes installés dans la salle multimédia. Ce site envisage le réseau Internet, à la fois comme médium et comme espace d’exposition. Il permet d’envisager mon travail dans sa globalité, en suivant mon parcours depuis une pratique picturale jusqu’aux dernières compositions interactives en passant par quelques textes et projets irréalisés.
S’il ne remplace pas l’expérience physique de l’exposition, le site se propose de l’enrichir et de poursuivre la relation qui s’est ici tressée.

Les textes sont extraits du livret "intervalles²" réalisé par Le Carré Amelot et sont écrits par Fred Murie.

Site du Carré Amelot