27/01/2010 Commémoration de l’Holocauste publié le 29/01/2010  - mis à jour le 26/02/2010

Pour ne pas oublier les conséquences de la barbarie nazie

La longue histoire de l’Humanité contient de nombreux évènements tous aussi dignes d’être commémorés les uns que les autres. L’ « Holocauste », extermination massive de 6 millions de Juifs ( mais aussi des Tziganes) par l’Allemagne nazie est sans doute l’un de ceux que nous ne devons pas oublier, la barbarie exercée contre d’autres êtres humains ayant été au-delà de tout ce que l’Histoire avait connu jusque là.

Auschwitz, symbole de la haine et de la barbarie nazie

camps (quai de triage d'Auschwitz-Birkenau)

Une photo du quai de débarquement d’Auschwitz : beaucoup de ces déportés vont être directement envoyés vers les chambres à gaz...

Cette « Journée de la mémoire de l’Holocauste et de la prévention des crimes contre l’humanité » fut décidée en 2002 par le Conseil de l’Europe ; la France et l’Allemagne retenant la date du 27 janvier, anniversaire de la libératiion du camp d’Auschwitz, pour instituer cette journée du souvenir. Pour appréhender la portée de cette commémoration, le reportage de France 2 réalisé l’année dernière à cette occasion peut être une première approche intéressante (visible dans les archives de l’INA en cliquant sur ce lien) . Au collège de Lezay les contraintes de l’emploi du temps n’ont pas rendu possible cette évocation en cours d’Histoire ce mercredi 27 janvier mais les élèves avaient déjà réalisé un travail d’analyse et de synthèse sur ce sujet.

camps (entrée d'Auschwitz)

Entrée du camp d’Auschwitz, qui résume à elle seule toute l’horreur du système concentrationnaire nazi. La double rangée de barbelés électrifiés, l’inscription faussement rassurante au dessus du portail « le travail rend libre », le bâtiment des fours crématoires avec la rangée de sinistres cheminées...

Créé dès 1940, le camp d’Auschwitz devint le plus grand centre d’extermination du système concentrationnaire hitlérien et groupa quatre camps, entre autres Auschwitz II (Birkenau), affecté aux exterminations. Les premiers internés d’Auschwitz furent des Polonais jugés dangereux puis des prisonniers de guerre soviétiques, des Juifs de Silésie et de Slovaquie, de France, de Belgique et des Pays-Bas, des Tziganes puis des Juifs de Grèce et des Balkans, de Pologne et enfin de Hongrie. Les exterminations s’arrêtèrent en nov. 1944, mais le camp d’Auschwitz comptait encore plus de 60000 détenus lorsque son évacuation fut décidée en janvier 1945, à l’approche des armées soviétiques.

Les camps, forme la plus dégradante l’oppression nazie

Dès la prise du pouvoir par Hitler en février 1933, plusieurs camps de concentration furent ouverts en Allemagne afin d’y interner des communistes, des sociaux-démocrates, etc.. Le système concentrationnaire ne commença à s’organiser que lorsque Himmler fut devenu chef suprême de la police allemande (1936). Après Dachau et Sachsenhausen, furent ouverts les camps de Buchenwald de Mauthausen auxquels s’ajoutèrent, avant le début de la 2ème guerre mondiale ceux de Neuengamme, de Ravensbrück et de Flossenburg, la population totale des détenus internés dans les camps s’élevant déjà à 280 000 individus. Entre 1940 et 1942, furent créés d’autres camps en Allemagne ou dans les nouveaux pays conquis comme Auschwitz (en Pologne), le Struthof (en Alsace), ou celui de Bois-le-Duc (Pays-Bas) ; en 1943, le camp de Bergen-Belsen (près de Hanovre). A l’automne 1944, la population totale des camps de concentration dépassait 600 000 individus, et le nombre des êtres humains qui eurent à souffrir de l’univers concentrationnaire nazi a été évalué à environ 8 millions.

Déportation et souffrance pour les « sous-hommes » ou « ennemis du Reich »

Carte du système concentrationnaire nazi en 1943. Elle montre à la fois les territoires nouvellement conquis par l’Allemagne (au-delà des frontières fixées en 1919) et l’implantation des camps. Il est à noter que les camps d’extermination sont essentiellement installés à l’est, partie de l’Europe où la population juive était la plus nombreuse

carte des camps de concentration et/ou d'extermination

Qui était déportés ? Au nom de la théorie raciale nazie, toutes les « races » dites inférieures et impures (juifs surtout, mais aussi Tziganes et populations slaves) et les « sous-hommes » comme les handicapés ou les homosexuels. A cela s’ajoutent tous les « ennemis du Reich », qu’il s’agisse d’opposants politiques (communistes, membres de mouvements de résistance), mais également, des asociaux (trafiquants de marché noir, souteneurs, etc.) et des criminels de droit commun. Les S.S., organisation paramilitaire nazie dont dépendait toute l’administration des camps, s’appliquaient à mélanger les diverses catégories de détenus pour laisser certains d’entre eux administrer la vie quotidienne du camp (système des kapos). Le travail des détenus était une source de revenus pour les S.S., qui louaient leur main-d’oeuvre forcée à des industries privées. Dès 1942, les conditions de travail ainsi que le régime alimentaire et sanitaire étaient si durs que la mortalité dépassa 50% pour la seule période de juin à nov. 1942. (voir ausi le document ci-joint résumant en quelques illustrations la dureté des conditions de vie dans les camps). A côté de cette élimination par le travail et la misère, l’univers concentrationnaire a offert des formes plus affreuses encore d’anéantissement humain : de 1942 à 1944, des médecins S.S. se livrèrent sur des détenus à diverses expériences scientifiques (inoculation du typhus, tests de résistance à l’altitude, au gel, vivisection, etc.) ; peu à peu apparaissent des centres d’euthanasie, destinés à éliminer totalement les « inaptes », et particulièrement les handicapés. D’autre part, à côté des camps de travail, furent créés, à partir de 1942, dans le cadre de la « solution finale du problème juif », de véritables camps d’extermination par asphyxie dans les chambres à gaz. (pour le détail de ce processus macabre, se reporter au document joint). On peut estimer que la moitié environ des 5,1 millions de Juifs massacrés durant la Seconde Guerre mondiale ont péri dans ces camps, les autres ayant été exécutés sur place, en Pologne et en U.R.S.S., par les des groupes spécialisés SS, les Einsatzgruppen.

3 WWII camps einzatsgruppen 1

Photo d’exécution par un membre des Einsatzgruppen. Les juifs arrêtés étaient rassemblés dans la nature où une grande fosse commune avait été creusée pour être ensuite indistinctement fusillés.

Ne pas oublier pour au contraire juger, réfléchir...

Après la guerre, les responsables du système concentrationnaire hitlérien furent jugés par les tribunaux alliés, et particulièrement le tribunal institué à Nuremberg qui a le premier précisé la notion de « crime contre l’Humanité ». Des tribunaux allemands ont par la suite continué d’infliger des condamnations à d’autres acteurs de ces crimes. Chaque être humain doté d’un minimum de compassion ne peut que rejeter fermement cette politique nazie et les horreurs qui les ont accompagné. Toutefois, la complexité des faits continue de nous interroger et doit amener à beaucoup de retenue et de vigilance. Dans quelle mesure les subalternes étaient-ils de simples exécutants contraints, ou ont-ils choisi délibérément d’appliquer une politique auquels ils ont adhéré. De la même manière, il semble que les Alliés aient eu très tôt des éléments d’information sur cette politique brutale nazie. Peut-on leur reprocher de n’avoir pas mesurer l’ampleur de ces horreurs, que nul n’avait jamais vu ni imaginé jusqu’alors ? Et puis, comment intervenir en plein cœur de l’Allemagne ou la Pologne occupée pour sauver ces millions de déportés ?

3 WWII camps (libé détenus 2)

Découverte d’un camp par les troupes américaines. Vision d’horreur de ces milliers de cadavres décharnés.

Le plus important est de ne pas oublier tous les enchaînements d’évènements et de comportements qui ont pu rendre possibles cette idéologie d’exclusion et de xénophobie allant jusqu’au meurtre de masse. 8 millions d’hommes, de femmes, d’enfants assassinés ou morts de faim, de maladie, d’épuisement dans les camps nazis, uniquement parce qu’ils étaient juifs ou tziganes, handicapés ou homosexuels, communistes ou démocrates

Documents joints