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DEVOIR DE MEMOIRE publié le 17/02/2019

Jeudi 7 février 2019, quatre membres de L’Association des Espagnols de Charente, l’APFEEF, ont fait profiter tous les élèves de 3° d’une projection-débat.

Le documentaire « Le convoi des 927 » a été réalisé en 2004 par Montse Armengou et Richard Belis. Il s’agit du premier convoi de civils déportés de l’histoire de la Seconde guerre mondiale, parti de France vers les camps d’extermination nazis.
A la fin de la guerre civile espagnole, en janvier- février 1939, 927 républicains se réfugient en France avec la « retirada »- l’exil. Ils sont alors détenus, par l’administration française, dans différents camps autour d’Angoulême, comme La Combe aux Loups à Ruelle-sur-Touvre.
Les Allemands, qui occupent la ville depuis le 24 juin 1940, décident le 13 juillet de regrouper ces « rouges espagnols » dans un camp à proximité de la voie ferrée, le camp des Alliers - ou de Saliers - à Sillac, où seront ensuite internés les Tsiganes.
Le 20 août 1940, les réfugiés sont entassés dans des wagons de marchandises. Sans explication. Certains pensent aller en zone libre, d’autres en Russie. Ils sont, en fait, dans le premier train de la mort à destination du camp de Mauthausen ( Autriche). Arrivés au camp, les SS sélectionnent 470 hommes et enfants . "Ils allaient de wagon en wagon demander : « wie alt, wie alt ? », ce qui veut dire : « quel âge as-tu » ? A celui qui avait plus de 10 ans, ils disaient : « raus, raus », et ils le sortaient du train. Tu ne pouvais même pas dire adieu à ta famille ". Ils sont alors dévêtus, douchés, on leur rase la tête, on leur donne un habit rayé, un numéro avec un triangle bleu ( il identifiait les apatrides) et un grand S signifiant "spaniers", les Espagnols vendus par le régime de Franco et son ministre des Affaires Etrangères, Ramón Serrano Súñer.
Esclaves déshumanisés, ils achèvent la construction du camp. « Chaque pierre du mur d’enceinte du camp porte le sang d’un Espagnol ». Les plus faibles reçoivent une injection d’essence et sont brûlés. Le décret « Nacht und nebel » est appliqué. Aucun survivant. 73 reviendont. Le convoi continue son voyage avec les occupants non sélectionnés. Il retourne en France et prend la direction de la frontière espagnole. Les 473 femmes et les jeunes enfants sont livrés à Irún à la police franquiste.

Les lumières allumées, les membres de l’Association prennent place sur scène, sous les applaudissements des élèves. Commence alors le débat par l’intervention de Gregorio Lazaro, le président. « Des Républicains espagnols qui avaient fui Franco et espéraient trouver un pays de liberté se sont retrouvés dans un pays qui les a traités d’indésirables ».
Benedita Lahoz Agard et Conchita Gutiérrez Pragout, qui étaient enfants alors, racontent l’horreur du camp .
Les élèves, émus par les images devenues réelles grâce aux témoignages de ces rescapées, posent de plus en plus de questions. Une complicité pleine d’empathie et de déférence se tisse, alors que le récit est de plus en plus dur.

Puis les élèves de 3C et de 3E montent sur scène. Léa commence à chanter « Madre anoche en las trincheras », accompagnée de Thomas à la guitare et des choeurs derrière eux. A leur tour émus, Benedita, Conchita, Gregorio et Claudio scandent la chanson et se lèvent. Les élèves du public se mettent debout à leur tour et les accompagnent, unis par l’émotion et le respect, conscients de partager un moment intense et unique.
Les applaudissements et le « bis » laissent place aux élèves qui viennent spontanément leur serrer la main et les remercier chaleureusement.

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