L'interview de M. Charles Vasserot publié le 31/01/2009  - mis à jour le 15/02/2009

Particularités du lycée

Le comité : D’après vous, quelles sont les particularités du lycée de la Venise Verte, par rapport à d’autres établissements ?

M. Charles Vasserot :

 Son implantation géographique "Faire vivre le quartier dans sa ville en faisant entrer la ville dans le quartier". Dans le cadre du Développement Social des Quartiers (D-S-Q) l’implantation du lycée de la Venise Verte au Clou Bouchet faisait partie de cette dynamique.

 La place entière a été réservée à la formation continue pour adulte en prévoyant des locaux spécifiques dès sa création (surface et chauffage autonomes).

 La nomination du proviseur le 1er septembre 1988, un an avant l’ouverture, afin, d’une part, de suivre le chantier et d’y suggérer des modifications éventuelles (câblage, antennes paraboliques, laboratoires de langues, cabine vidéo, salle de réunion plus grande, ...), d’autre part, préparer les lots de matériel et de mobilier qui devaient faire l’objet des appels d’offre par le Conseil régional.

 Transfert de certaines pratiques de la formation continue des adultes, avec la mise en place des techniques de recherche d’emploi avec la collaboration de l’ANPE et le soutien individualisé avec installation d’ateliers pédagogiques.

 Accueil de récurrents qui s’avérera être une opération bénéfique.

 Ouverture vers l’extérieur, en particulier avec d’autres établissements étrangers afin de développer, à coût modéré, des séjours et des stages en entreprise.


Projets

Le comité : Quel projet auriez-vous souhaité concrétiser et qui ne s’est pas réalisé (par manque de temps, de moyens ou autres …) ?

M. Charles Vasserot :

 Globalisation des heures d’enseignement entre la formation initiale et la formation continue avec mixage des services.

Pourquoi ne pas exploiter le savoir faire du personnel de la formation initiale et de la formation continue au profit à la fois des jeunes et des adultes ? C’était le projet mis en place avec des professeurs volontaires du lycée et des vacataires ou contractuels du GRETA en mixant et en globalisant une partie des services d’enseignement. Le début d’expérimentation était prometteur et je regrette de n’avoir pas eu le temps de l’installer définitivement.

 Stage en entreprise à l’étranger de 4 à 6 mois pour les BTS à l’issue de la seconde année.

A l’écoute des partenaires professionnels, il m’a toujours semblé que le stage en entreprise pour les étudiants de BTS était trop court. Par ailleurs, la maîtrise d’une langue étrangère, au moins, est aujourd’hui une priorité. Jumeler ces deux impératifs débouchait sur une formation du type F.C.I.L. comprenant un stage de 4 à 6 mois dans une entreprise étrangère. Elle s’avérait trop onéreuse.

Au moment de ma retraite, le conseil régional m’a permis, avec le développement de l’Association Régionale pour l’Insertion des Jeunes en Europe (ARIJE), de concrétiser ce rêve que j’aurais souhaité mettre en place plus tôt.


Moments forts

Le comité : Si vous ne deviez garder qu’un moment fort de la Venise Verte, quel serait-il ?

M. Charles Vasserot :

L’intégration du lycée dans son quartier impliquait une ouverture maîtrisée du lycée et la valorisation de ses jeunes. L’un des leviers a été la pratique des sports collectifs (basket, football et rugby), qui, le mercredi après-midi notamment, associait les deux publics. Un moment fort a été le titre de champion de France décrochée par l’équipe de football du lycée dont le titre a rejailli sur tout le quartier.

En fait, c’est surtout un ensemble de moments forts que je retiens. Dès la première année d’exercice, l’ensemble du corps enseignant, le personnel administratif et les agents ont collaboré pleinement, en donnant le meilleur d’eux-mêmes, pour relever le défi qui nous était lancé. Durant cette période, parfois difficile, un solide esprit d’équipe nous a réunis. Nous étions fiers de travailler au lycée de la Venise Verte.


Discours inaugural

Le comité : Pour le fondateur du lycée que vous êtes, rappelez-nous les grandes lignes du discours inaugural de 1989 ?

M. Charles Vasserot :

Bâtir un lycée dans un quartier déshérité était un défi " l’ambition clairement affichée par la municipalité et la région, relayée sur le terrain par des acteurs motivés, est de faire vivre le quartier dans sa ville en faisant entrer la ville dans son quartier, car les habitants d’un ghetto n’en sortent que si les voisins mieux lotis commencent d’abord par y entrer "expliquait le maire de Niort.

Un défi car nous savions que les jeunes du quartier n’accepteraient pas facilement que leur terrain de jeu (le seul à l’époque) puisse disparaître au profit d’un établissement qui, pour beaucoup, ne les concernait pas.

Le lycée de la Venise Verte est un bel outil de travail que le maître d’ouvrage nous a confié. Le personnel saura s’en montrer digne. Il est prêt à relever le défi en sachant que la tâche ne sera pas facile. Intégrer le lycée dans son quartier suppose des actions extérieures au lycée qui permettent aux jeunes du quartier de bénéficier un peu de ce qui peut être apporté à nos élèves. Notre premier objectif sera l’élaboration d’un projet qui prenne en compte les deux paramètres, un axe pédagogique classique et un second qui devra tenir compte de notre environnement.

Charles Vasserot