Les Märchen publié le 09/05/2014

Un conte populaire allemand revivifié par les frères Grimm
Le mot Märchen est en allemand le diminutif du terme ancien Mar qui signifie la tradition, la nouvelle, l’information ou le bruit qui circule et qui passe. C’est une rumeur, le récit d’un événement plus ou moins remarquable qui se met en boule, et roule de village en village, de bouche à oreille. Le Märchen n’est pas une forme figée, mais une forme mobile. Il est le résultat du travail de la narration, d’un remaniement profond, inconscient, de ce qui a eu lieu et qui, au départ, peut être quelque chose d’infime.
Le Märchen est différent de ce que la tradition issue du XVIIIe siècle nomme "conte de fées", d’abord parce que la fée n’y figure pas comme telle, alors qu’on y rencontre des figures de vieilles femmes qui tiennent de la sorcière, de la Parque, de l’accoucheuse. Mais surtout le Märchen, revivifié et rédigé par les Grimm, n’a pas, a priori, d’intentions moralisantes ou rassurantes. Il peut s’achever en "queue de poisson" et revêtir des formes proches du Witz, ce trait d’esprit, cette pure "façon de dire" qui se veut seulement rapide et éblouissante. C’est le cas, par exemple, de L’Ondine de l’Etang ou de La Clef d’or. Comme le conte en général, le Märchen met en scène un héros au nom commun, à la psychologie sommaire, dont les aventures sont comme suspendues en dehors du temps et de l’espace. Le conte décrit souvent un "passage", une traversée (la forêt symbolisant souvent le lieu de l’indétermination, de la coexistence des contraires, de la rencontre, de tous les possibles). A la fin, celui qui est mal parti finit par accéder à un état nouveau de maturité, de puissance ou de richesse. Mais certains contes valent avant tout par la force de leurs images.

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Avec les Grimm et leurs contemporains romantiques, le regard porté sur les contes change radicalement. Dans une optique très particulière, ils puisent allègrement dans tout ce qui peut leur parvenir des siècles précédents — aussi bien Perrault que Basile ou Musaeus, ou Les Mille et une Nuits, tout en faisant appel au savoir et aux souvenirs de leurs amis comme des vieilles conteuses. D’après les Grimm qui les "pensent", les contes ont chacun leur justification en eux-mêmes. Wilhem Grimm écrit : "Il n’est peut-être qu’une petite goutte de rosée, retenue au creux d’une feuille, mais cette goutte étincelle des feux de la première aurore." D’une gangue impure, ils veulent extraire des fragments authentiques et remonter jusqu’à la langue pure des origines. Et peu importe si les "fournisseurs" des contes de Grimm ne sont pas toujours issus du peuple, loin s’en faut : ils contribuent malgré tout à faire circuler et émerger le vieux fond cosmopolite des récits anciens.

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