Paroles de ... Jean Duvert, infirmier de SMUR publié le 02/02/2011

Interview de Jean Duvert, infirmier de SMUR (Service Médical d’Urgence Régional)

Propos recueillis par Yoann

Sujet de l’interview : la profession d’infirmier de SMUR

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Quelle profession exercez-vous ? En quoi cela consiste ?
Je suis infirmier de SMUR. Cela consiste à sortir de l’hôpital pour aller soigner des patients sur le lieu de l’accident ou du malaise en extrême urgence car ce sont souvent des patients entre la vie et la mort, ce qui nécessite que l’on intervienne très rapidement.
Combien d’années d’études vous a-t-il fallu pour exercer cette profession ?
Il m’a fallu 3 années d’études.
Pourquoi avez-vous choisi ce métier ?
J’ai choisi ce métier parce que j’avais envie de soigner des personnes et qu’il me permet de voir des patients dans un autre contexte que l’hôpital. C’est une autre approche du métier d’infirmier. Au SMUR, contrairement à ce que l’on pense, la qualité relationnelle et le calme priment sur les qualités techniques.

Depuis combien de temps pratiquez-vous ce métier ? Et où ?
Je travaille au SMUR depuis 2 ans. J’ai attendu d’avoir 8 ans d’expérience avant de postuler. Avant j’ai travaillé aux urgences et en réanimation. Tout cela en région parisienne.

Comment les horaires se présentent-ils ? Est-ce difficile ?
Je travaille 24 à 48 heures de garde. Oui, c’est surtout difficile à concilier avec la vie de famille.

Votre travail est-il dangereux ? Pourquoi ?
Oui, assez dangereux car on roule très vite pour aller sur les interventions pour secourir les patients ; ça nous arrive aussi de prendre l’hélicoptère et de nous rendre dans des endroits qui ne sont pas toujours sécurisés. Par exemple, sur les autoroutes, les voies publiques, les lieux d’accidents chimiques, d’explosions. Il nous arrive d’utiliser les nacelles des pompiers, ou de descendre dans les ravins, dans des endroits difficiles d’accès. Nos équipes ont déjà été victimes de plusieurs accidents dont un très grave, mais pour l’instant j’ai été épargné. Il faut savoir qu’en France une équipe de SMUR meurt par an (3 personnes).

Quels sont les membres qui composent votre équipe ?
L’équipe est formée de trois personnes : un chauffeur ambulancier spécialisé pour la conduite à grande vitesse et un médecin formé à l’urgence ainsi qu’un infirmier.

Quels types de véhicules utilisez-vous ?
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Pour le transfert entre les hôpitaux, on utilise des UMH (Unité Mobile Hospitalière : camionnette ambulance). Pour les interventions rapides, des véhicules légers puissants (type évasion, espace, 4x4) ainsi que les ambulances des pompiers. Le plus souvent on revient de l’intervention avec le patient dans l’ambulance des pompiers.

Pensez-vous changer de service dans les années à venir ?
Oui, je pense que je changerai de service car être infirmier de SMUR est éprouvant moralement et quelquefois physiquement. Quand on a une vie de famille, on n’a plus forcement envie de se mettre en danger à chaque garde.

Pensez-vous pouvoir faire ce métier jusqu’à 60 ans et plus ?
Non, car c’est un métier difficile. Il est très stressant, parfois frustrant : lorsque nous nous battons des heures pour un patient que l’on n’arrive pas à sauver, nous ressentons à la fois un sentiment de frustration mais aussi d’impuissance. Nous sommes confrontés à la mort la plus souvent brutale. Il faut contenir et soutenir les familles des patients. Je ne me vois pas exercer ce métier jusqu’à 62 ans voire plus dans ce service. Ce ne serait pas sécurisant pour les patients.

Quelles satisfactions retirez-vous de cette profession ?
La relation humaine et le sentiment de servir à quelque chose, le fait de sauver des vies, de venir en aide aux individus, le fait d’allier la partie très technique du métier d’infirmier avec une partie relationnelle fondamentale.

Merci beaucoup d’avoir accepté de répondre à mes questions.
Cela a été un grand plaisir.