Qui était Maurice Chastang?

Maurice Chastang

Portrait

Maurice Chastang est né à Saint Fort sur Gironde, le 6 juillet 1895. Il est le cinquième enfant d’une famille de six. Après l’école communale il poursuit sa scolarité à l’École Primaire Supérieure de Pons, qui a formé bien des responsables à cette époque.

Reçu au concours de la Banque de France, il prend son poste à Limoges mais sa carrière est interrompue par la guerre de 1914-1918. Il s’engage tout de suite et à 19 ans il sera un des plus jeunes combattants volontaires. Fait prisonnier, il restera quelques mois en captivité dans les Ardennes. Après plusieurs tentatives d’évasion il est envoyé en Allemagne au camp disciplinaire de Darmstadt. Il y restera jusqu’à l’armistice du 11 novembre 1918. A son retour, il choisit de rester à Saint Fort sur Gironde pour travailler avec son père et son frère, dans l’entreprise familiale de "Vins et Spiritueux en Gros".

A la suite du décès de son père, Maire de Saint Fort, une élection complémentaire a lieu et il est élu conseiller municipal le 24 février 1924. Très vite ses qualités et son ardeur mises au service de la collectivité le font remarquer et en 1931 il devient adjoint de Monsieur Poirier le Maire d’alors. Quelques années plus tard, au décès de ce dernier, c’est tout naturellement que le 29 juillet 1934 les conseillers municipaux le désignent pour conduire les destinées de la commune.

Sa vie de Maire et de citoyen a été consacrée à la collectivité avec beaucoup de compréhension, de chaleur humaine, d’amitié et de fraternité. C’est ainsi qu’il s’est toujours attaché à étudier avec beaucoup de soin et d’équité les difficultés des familles de la commune car à cette époque il n’y avait pas la couverture sociale d’aujourd’hui.

En 1935 lors des élections municipales Maurice CHASTANG est élu et reconduit dans ses fonctions de Maire par le nouveau conseil municipal.

Maurice Chastang était très attaché à sa Saintonge natale, il en incarnait bien le caractère de ses habitants avec ses qualités de patience, de bon sens, de simplicité, son sens de l’humour, sa totale disponibilité pour les autres et sa maison était ouverte à tous. Homme courageux, il ne cachait pas ses convictions et ses sentiments contre les Allemands, conservant le souvenir de la guerre 1914-1918.

La guerre de 1939-1945 éclate et son attitude vis-à-vis du Chef de l’État de Vichy est nette dès le début : il refuse de se plier aux ordres dictés par l’envahisseur tout en continuant d’administrer sa commune. Il y accueille les réfugiés ardennais chassés de chez eux par les Allemands et il organise leur installation dans sa commune. Il s’ingénie à retarder le plus longtemps possible, jusqu’au 24 juin 1940, l’installation dans le village des "troupes allemandes d’occupation" qui ont envahi une partie de la France. Il fait partie de la Résistance.

Alors, la délation, arme des lâches fait son oeuvre : une lettre d’un Français le dénonce comme anti-Allemand et le 23 septembre 1942, à 5 heures du matin, à son domicile, il est arrêté par la GESTAPO. Emmené à Jonzac puis à La Rochelle où il est interrogé et brutalisé, il refuse toujours de parler, il est alors transféré à Compiègne, dernière étape avant les camps de concentration allemands. Parti de Compiègne le 21 janvier 1943, il arrive le 25 janvier 1943 au camp de Sachsenhausen (Oranienburg près de Berlin). Il ne sera plus, à partir de ce jour, que le matricule 58064.

Il résistera aux tortures, aux souffrances, à la faim, au froid, aux maladies, tout en travaillant comme les autres déportés aux usines Heinkel. A partir du 21 avril 1945, les troupes alliées envahissent l’Allemagne. Le camp de SACHSENHAUSEN est évacué pour que les libérateurs ne trouvent pas de traces des atrocités commises.

Maurice Chastang fait donc partie de ces colonnes de morts-vivants qui sont lancées sur les routes. Il sera, comme des milliers d’autres, abattu en mai 1945, quelques jours avant l’armistice, sur la "Route de la mort" qui devait les conduire à Schwerin. Il est porté disparu.

A titre posthume, la Médaille Militaire et la médaille de la Résistance lui furent attribuées. Il figure sur la longue liste des "Morts pour la France".

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