« A Büchenwald on entendait pas chanter les oiseaux » publié le 19/01/2016  - mis à jour le 26/04/2016

Rencontre entre les 3e et M. Priam-Doizy

Vendredi 15 janvier, Mme Dupré, professeur de Français et M. Lucas, professeur d’Histoire ont invité Jean Priam-Doizy, 92 ans, pour rencontrer nos élèves de 3e.

3h durant il nous a raconté sa jeunesse dans la France occupée, la maison et le commerce de ses parents envahi par les allemands, sa réquisition dans le cadre du Service du Travail Obligatoire (STO) pour participer à « l’effort de guerre » de l’Allemagne nazie.

Ses projets d’avenir détruits, Jean Priam-Doizy s’engage dans la résistance mais fut vite arrêté et emprisonné 1 an à Limoges puis déporté au camp de Büchenwald en Allemagne le 30 juillet 1944.

Ce convoi partant de Toulouse dure 7 jours dans un wagon contenant près de 100 déportés, nourris seulement 2 fois par la Croix Rouge, ils arrivent un soir sur un quai de marchandises, accueillis à coups de matraque et passent la nuit à attendre entre désinfection, épilation et bain de grésil. Jean portera le matricule 75426, il intègre « par chance » l’un des commandos les moins durs du camp et fabrique toutes sortes de pièces d’avion pour l’armée allemande sans oublier d’en saboter quelques-unes.

Si les conditions de vie, la maladie ont bien failli lui coûter la vie, Jean Priam-Doizy nous dit avoir été sauvé par les conseils bienveillants des amitiés nées dans ce camp et par des coïncidences surprenantes. Pour exemple, très affaibli par son état de santé, Jean se résigne à demander des soins. Il est reçu par un médecin, fasciné par l’archéologue Heinrich Schliemann, pionnier de l’archéologie grecque qui prétendit avoir trouvé le trésor du roi Priam. Ce nom de famille emblématique de la Guerre de Troie valut à Jean Priam-Doizy d’être soigné quelques jours dans l’infirmerie la plus confortable du camp.

Quand un élève lui demande pourquoi il témoigne devant nous, il se rappelle, des sanglots dans la voix, les paroles d’un ami : « Tu leur diras hein ? Tu leur diras comment c’était là-bas... » alors il nous dit ne pas avoir eu d’autre choix.
Jean Priam-Doizy a survécu jusqu’à la libération du camp en avril 1945, il s’est tu pendant 40 ans et sollicité par les « Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation » il décide de sortir du silence et de rendre vivant ce qui paraît irréel.

3h ne furent pas suffisantes pour savoir tout de monsieur Doizy qui sans faillir de mémoire, d’intelligence et d’humour a pu rendre palpable l’horreur d’une guerre.

Merci à lui du fond du cœur pour ce témoignage précieux.

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