L'écrivain est au collège : une rencontre inoubliable avec Marie-Aude Murail publié le 15/04/2017  - mis à jour le 11/05/2019

Grâce à l’opiniâtreté de Mme Munoz, professeur de lettres, le CDI de l’établissement a accueilli entre ses murs l’auteur multi-primé Marie-Aude Murail  ; la recevoir et l’écouter est une chance rare et nous lui sommes infiniment reconnaissants de nous avoir accordé un peu de son temps tant son planning est chargé.

Je ne crois pas exagérer lorsque j’écris que le moment que nous avons partagé avec cet écrivain plein de vie, décapant et authentique restera gravé dans les mémoires de tous les participants.
Les prouesses oratoires, l’humour percutant, les talents de conteuse de Marie-Aude font de ses prestations des instants précieux, émouvants, hilarants, dérangeants... tout cela en alternance. Elle a d’ailleurs captivé les classes (et leurs enseignantes) et les a laissées sous le charme même après séparation, en effet le silence après du Murail... est encore du Murail.

Sans filtre ni tabou, elle a évoqué tour à tour (liste non exhaustive) : son enfance, ses relations complexes avec sa famille d’artistes, ses passions, les raisons qui l’ont amenée à écrire, ses nombreux voyages, ses enfants qui ont inspiré tant de personnages... Mais ses récits n’ont rien eu d’égocentrés, altruiste, elle se sert de la narration pour échanger avec son public de prédilection, pour le secouer, le faire réagir, l’aider à grandir.

Pour ouvrir au monde les "nouveaux" comme elle les nomme, à sa beauté mais aussi à ses drames, elle a raconté également la censure russe, la Syrie d’avant les bombardements, les gens blessés qui lui écrivent, la dure réalité des bouleversements à l’adolescence, les problèmes des métiers du livre, ses blessures. Et miracle, avec cette matière lourde, elle parvient à faire sourire tout en allégeant le bagage de ses jeunes auditeurs.
On retrouve d’ailleurs dans son ton, ses discours, ses échanges parfois abrupts, la musique faite de connivence et de dérision tendre de ses textes. Oui défintivement, Sauveur, le psychologue de son dernier ouvrage qui voit défiler dans son cabinet tant de personnes abîmées et souffrantes et qui parvient à dénouer des drames via la parole, c’est bien elle.
Egalement adepte de l’archive et de la documentation, elle est venue aidée de ses munitions comme elle les appelle : le journal qu’elle écrivit pour sa cadette (la romancière Elvire Murail connue également sous le pseudonyme de Moka), des écrits pacifistes d’un grand-père ayant dû partir au front en 14-18, des manuscrits (nous avons même pu goûter en avant-première un passage de Sauveur et fils saison 4), des articles de sociologie, d’histoire ou de psychologie qui vont nourrir ses personnages...

Marie-Aude Murail est une éponge et un filtre comme elle l’écrit elle-même et elle n’a pas hésité à questionner les élèves pour nourrir sa future inspiration. Soyons honnêtes, nos élèves ont été tellement impressionnés par cet auteur dont beaucoup avaient dévoré plusieurs titres qu’ils ont été moins volubiles que l’on aurait pu l’attendre mais pour tout vous dire, Marie-Aude a une présence telle que les enseignantes elles-mêmes buvaient ses paroles et étaient dans leurs petits souliers. Captivante, émouvante, déroutante, généreuse,caméléonesque (elle se transfigure littéralement en fonction de son auditoire) directe, profondément drôle et grave, Marie-Aude Murail, gagnante d’une pléthore de prix et auteur ultra prolifique (plus de cent ouvrages à son actif), ressemble à son œuvre et c’est un bonheur.

Merci aux élèves engagés dans le projet pour leur écoute, leurs questions pertinentes, leurs regards embués, leurs éclats de rire, les moments de grâce qu’ils ont vécu et qu’ils nous ont permis de vivre. Après les rencontres, ils ont pu faire dédicacer leurs romans et de belles scènes de confidences, de déclarations d’admiration , d’encouragements aux écrivains en herbe ont vu le jour.
Elle a même, d’après les dires des élèves, éveillé des vocations. Les retours des professeurs de lettres impliqués, Mme Munoz, Mme Boureau, Mme Guillarme et Mme Artaud sont unanimes : l’auteur a touché et remué les élèves au-delà de nos plus folles espérances.

Une mention spéciale à Diego, Luca, Louis et Kyllian de la 4eE de Mme Munoz qui ont eu le panache de présenter une saynète tirée de Oh boy ! devant l’auteur du texte et aux courageuses Emma, Manon et Lilou de la classe de 6eB de Mme Boureau qui ont fait de même pour Malo de Lange, l’auteur a été charmée par leurs prestations.

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