Témoignage Ida Grinspan publié le 17/04/2012

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Mercredi 11 avril, Ida Grinspan est venue rencontrer les élèves de 3e, les personnels et les membres du Conseil d’administration invités.

Elle leur a fait découvrir son parcours durant la deuxième guerre mondiale. Issue d’une famille juive non pratiquante qui a fuit la Pologne pour la France au début des années 1920, Ida nait à Paris en 1929. Ses parents, attachés à la laïcité, l’éduquent avec son frère dans le respect des valeurs fondamentales de ce pays qui les a accueillis.
Lorsque la France est envahie en 1940, comme beaucoup d’autres enfants parisiens, elle est envoyée en province, pas par peur des violences antisémites, mais tout simplement pour ne pas avoir à subir la rigueur de l’occupation militaire allemande à Paris.
Très bien acceptée par la population du hameau de Lié près de Melle (79), elle fréquente l’école de Sompt. Elle y réussit son certificat d’études. C’est là qu’elle apprendra l’arrestation de sa mère restée à Paris lors des premières rafles de femmes et d’enfants en juillet 1942(dites du Vél d’Hiv). Son père et son frère ont pu se cacher et ne pas être arrêtés.
C’est le 31 janvier 1944 qu’elle est interpellée chez sa famille d’accueil par trois gendarmes français. Ils la dirigent vers Niort où elle est interrogée pour qu’elle dévoile l’adresse de son père qui vit clandestinement. Elle est ensuite acheminée vers Drancy et son camp d’internement, antichambre des camps d’extermination nazis. Elle y reste une semaine puis sera déportée le 10 février 1944 par le convoi 68 qui comprend 1500 personnes vers Auschwitz. Le trajet va durer trois jours dans des conditions d’hygiène déplorables.
La réception par les nazis est violente. Le tri se met en place immédiatement. Ida devra sa survie aux faits que sa coiffure la vieillisse (elle a 14 ans et n’aurait pas du être retenue pour le travail), qu’elle n’a pas accompagné une vieille dame qui l’avait prise en amitié et qu’elle ait décidé de marcher et non pas de se déplacer en camion. Sur les 1500 personnes composant le convoi, 1229 ont été exécutées immédiatement dans les chambres à gaz, 210 hommes et 61 femmes ont été retenus pour le travail. 59 auront survécu à la fin de la guerre.
Ida a fait partie de différents kommandos de travail : déplacement de pierres, ramassage et tri de pommes de terre, assemblage de détonateurs de grenades dans une usine. Comme les autres détenus, elle a du faire face aux conditions d’hygiène déplorables, à la sous-nutrition, aux violences arbitraires, aux appels du soir interminables, aux sélections périodiques, aux humiliations et bien évidemment à la présence prégnante de la mort.
Le 18 janvier 1945, Auschwitz est évacué devant l’avancée des troupes soviétiques. Débute alors ce que les historiens appellent les « marches de la mort ». Les prisonniers se déplacent à pied vers des camps éloignés des zones de combat. Ida et ses camarades sont dirigées vers Ravensbrück. Elle survivra grâce à la solidarité des autres prisonnières. Elle aura plusieurs orteils gelés et ne pourra plus se déplacer. Heureusement pour elle, elle sera évacuée vers le camp de Neustadt en train. Elle y souffrira d’une crise de typhus et ne devra sa survie qu’aux soins d’une infirmière polonaise, prisonnière politique. C’est là qu’elle sera libérée par des soldats soviétiques à la fin du mois d’avril 1945.
C’est avec beaucoup d’humour qu’elle a raconté aux élèves les circonstances rocambolesques de son retour vers la France. Elle retrouvera son frère mais apprendra que son père a été arrêté et déporté vers Auschwitz en 1944 par un des derniers convois partis de Drancy.
Les auditeurs ont pu à plusieurs reprises interroger Ida sur des thèmes variés : les conditions de travail, les « techniques » pour échapper aux sélections, le recrutement des kapos, la survie des personnes rencontrées...

Tout au long de son témoignage, Ida a tenté de faire comprendre aux élèves comment elle avait pu survivre : une constitution solide, la solidarité entre détenues, la volonté de rester un être humain (se laver...), travailler dans un kommando qui permet d’éviter les rigueurs de l’hiver polonais et surtout la chance qui a été pour tous les survivants un facteur déterminant.

Ida a voulu transmettre son expérience à travers un livre, disponible au CDI.
Ida GRINSPAN et Bertrand POIROT-DELPECH, « »j’ai pas pleuré », Pocket « jeunes adultes », 2002.

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