Rencontre de l'écrivain Claire Gratias publié le 22/03/2013

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Après avoir lu le premier tome du roman "Le signe de K1. Le protocole de Nod", les élèves de 3C ont rencontré l’auteur Claire Gratias au festival du livre jeunesse de Ruelle, le 22 mars. Voici quelques extraits de l’entretien :

 Comment vous-est venue l’idée d’écrire "Le signe de K1" ?
C’est un ensemble d’idées qui se conjuguent et qu’on ne maîtrise pas forcément, j’ai un intérêt pour la Science-Fiction, mes premiers écrits étaient plutôt des romans noirs. L’éditeur Syros créait une collection de Science-Fiction, j’ai commencé à réfléchir sur des thèmes liés à ce genre, et les thèmes du voyage dans le temps et de l’épidémie sont ressortis.

 En combien de temps l’avez-vous écrit ?
Un an et demi pour écrire les deux tomes.

 De quel personnage de l’histoire vous sentez-vous le plus proche ?
J’ai une tendresse particulière pour le personnage du sage Chinois, il parle peu mais vise juste, il touche au cœur des choses et forme un duo intéressant avec son ami le médecin, la tradition orientale et l’éthique médicale, les deux personnages sont complémentaires, ils sont dans une relation de confiance et d’amitié. J’ai, par ailleurs, une certaine méfiance personnelle vis-à-vis de la médecine occidentale.

 Quelles questions de société vous préoccupent particulièrement ?
L’écologie me préoccupe avec, comme point de départ, l’observation de catastrophes naturelles comme le tsunami par exemple. Il y a une part de responsabilité de l’être humain, une réflexion à mener sur notre comportement et sur le fonctionnement actuel de notre société.
L’image de la réussite avec les clivages me préoccupe également.

 Pourquoi avoir choisi de répartir les enfants en différentes catégories dans ce roman ?
Il y a quelques années un ministre avait dit qu’il fallait dépister les délinquants dès la maternelle, cette phrase a, en quelque sorte, servi de déclencheur, avec toutes les dérives possibles qui peuvent exister...

 Etes-vous un écrivain engagé ?
Je ne me revendique pas comme un écrivain engagé. Mon but premier reste le plaisir de la lecture, procurer de la distraction et de la joie, mais pas de façon complètement gratuite... "Sous le voile de la fable se cachent quelques vérités fines" comme disait Voltaire. Je veux aussi donner matière à réflexion !

 Depuis quand êtes-vous romancière ?
Depuis 40 ans...!!! En fait, j’ai baigné dès l’enfance dans un univers d’histoires, mon père me racontait des histoires qu’il inventait, bien souvent en mettant en scène des évènements de la journée. Dès l’école, j’ai commencé à écrire des histoires, des BD, à jouer avec les mots, à faire des rédactions de 8 à 10 pages !
J’ai été professeur de Français pendant 14 ans en région parisienne (mes amis me donnaient comme surnom « casque bleu » !!), puis j’ai senti que la vraie vie était ailleurs... Depuis 10 ans, l’écriture est mon seul métier.

 Quel genre d’histoire aimez-vous raconter ?
Je ne suis pas spécialisée, j’aime essayer des directions différentes, je ne veux pas me limiter.
Je veux pouvoir écrire des histoires qui transportent dans l’imaginaire et qui provoquent de l’émotion au lecteur. "Nous nous sommes ennuyés des livres qui enseignent, donnez-nous en pour émouvoir !" je suis très sensible à cette citation d’Agrippa d’Aubigné !

 Pourquoi avez-vous choisi d’écrire pour les jeunes ?
Je n’ai pas choisi particulièrement d’écrire pour les jeunes, c’est venu comme ça, cela s’est imposé à moi. Il y a maintenant une grande profusion dans l’écriture jeunesse, mais ce n’était pas le cas quand j’étais ado... je voulais écrire les livres que j’aurais eu envie de lire.

 Quelles sont vos sources d’inspiration ?
L’inspiration se nourrit de tout ce que l’auteur a vécu, ses expériences, ses émotions, c’est-à-dire aussi bien ses colères (des situations qu’on a envie de dénoncer dans un livre) que ses enthousiasmes (qu’on veut partager avec les autres).

 Avez-vous des écrivains préférés ?
Je lis sans arrêt depuis l’âge de 6 ans. Dans les auteurs français, il y a Molière, Alfred de Musset, Anouilh, Cocteau, Sartre. Lire du théâtre aide à écrire des dialogues !
Comme romancier : Zola, Maupassant, Gide (notamment "Les faux-monnayeurs" & "Les caves du Vatican"), Mauriac, Camus, Giono, Albert Cohen.
Pour les auteurs étrangers : Kafka et aussi des romans de SF qui m’ont marqué comme par exemple "Des fleurs pour Algernon" ou "L’homme qui rétrécit".

 Où écrivez-vous ? Quelles sont vos habitudes d’écriture ?
Les écrivains sont souvent des maniaques, personnellement je suis incapable d’écrire dans un lieu public, j’ai besoin de me concentrer. J’écris chez moi, dans mon bureau, c’est la pièce la plus ensoleillée. J’ai besoin de silence et de lumière. Il y a du bois, des bougies, c’est une pièce accueillante, chaleureuse, avec plein de livres.
Je n’ai pas d’horaires particuliers, mais je n’écris pas le soir.

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