Itinéraire d'un poilu publié le 23/10/2010  - mis à jour le 03/11/2010

Camille, une élève de 3ème du collège du Jardin des Plantes, a apporté des documents concernant son arrière-arrière-grand-père, Antoine Raclin, qui a connu la terrible Première Guerre mondiale.

Il est né le 3 février 1894, à Fontainebleau. Lorsque la guerre éclate durant l’été 1914, il n’a qu’une vingtaine d’années. Intégré à la 11ème compagnie du 31ème régiment d’infanterie, il quitte la capitale le 7 août dans un « enthousiasme indescriptible »... vite oublié.

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Antoine Raclin est blessé une première fois le 16 septembre 1914, à Montfaucon, dans la Meuse, à 20 km au nord-ouest de Verdun. Dans le même département, à Vauquois, il est à nouveau blessé le 1er mars 1915, alors qu’il conduit des prisonniers allemands à l’arrière. Il relate ainsi l’événement :

« J’accompagne ces Messieurs (il y en a 50), jusqu’à la ferme de la Cigalerie et nous les remettons en bonnes mains. Je reviens à la tranchée française, je me repose quelques instants puis je remonte lorsque en me couchant dans un trou d’obus, un bout de mitraille me raccroche la main et fait une ouverture dans la chair. Je suis blessé (…) Je me fais inscrire comme blessé et je passe à Aubreville qui se trouve à 9 kilomètres et où se trouve l’ambulance. Je vais à Clermont-en-Argonne, nous y prenons le train qui nous amène à Prayssac »

Deux photographies rappellent cet événement : celle de l’hôpital de Prayssac et celle du soldat convalescent – Antoine Raclin portant une croix bleue sur la poitrine.

Pressac (Lot)

Collège hôpital N°78

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17 mars 1915

Soigné pour sa main, Antoine Raclin contracte malheureusement la fièvre typhoïde à la fin du mois de mars 1915, avant de retourner au combat, dans les tranchées dont il a gardé quelques photographies saisissantes.

Après la prise d'une tranchée allemande
A 40 mètres des boches, mitrailleurs à l'entrée de leur sape
Sape six dans la tranchée Dupin et servant de relais aux coureurs. Remarquer les câbles téléphoniques à la croix.
L'hiver dans les tranchées.

Dans les tranchées, on attend avec impatience le ravitaillement.

La corvée de pinard !
Porteur de soupe.

Entre les offensives, pour tromper l’ennui, des soldats façonnent de petits objets, à partir de douilles d’obus. Antoine Raclin a rapporté un petit « livre » en métal qui, ouvert, se transforme en briquet.

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Le 12 octobre 1915, il passe au 169 régiment d’infanterie, dans la 1ère compagnie de mitrailleuses. Voilà pourquoi, sans doute, il garde plusieurs photographies d’artillerie légère

Mitrailleuse installée pour le tir contre les avions
Le canon de 58 de tranchées, prêt à envoyer la bombe "Foug" de 17 kg
Batterie de fusils lance-grenades de type "Guidetti"
Mitrailleuse "Hotchkliss" contre les avions
Canon de 65 mm

De cette époque aussi datent vraisemblablement les cartes montrant un lieu précis de front. Les tâches bleues, encadrées de flèches rouges, correspondent sans doute aux axes de tirs des mitrailleuses. « TR » signifie tranchée, « B » veut dire boyau.

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En 1916, il participe à la bataille de Verdun. Au début de cette année, en février, l’armée allemande tente une percée, en lançant un très violente attaque qui fait reculer le front d’une dizaine de kilomètres. Une médaille, ayant appartenu à Antoine Raclin, évoque cette offensive. Sur l’avers, on peut lire au-dessus des fortifications de la ville le mot « Verdun » et au-dessous la date du « 21 février 1916 » ; sur le revers apparaît une Marianne casquée et armée d’un glaive avec la mention « On ne passe pas ». Les médailles de ce type auraient été données à la population des alentours de Verdun pour stimuler leur résistance.

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En juillet 1916, sous la direction de Pétain, une contre-offensive est lancée. Antoine Raclin y participe, du 13 au 25 juillet, au bois de la Caillette, entre Fleury et les forts de Vaux et de Douaumont, fortifications d’ailleurs reprises aux Allemands. Échapper à l’enfer de Verdun est un exploit qui mérite bien un temps de repos, pour se laver et se raser

Retour de Verdun, à Lavincourt. : "Nous couchons sous la tente ! Un brin de toilette ! Admirez la façon de se raser !

En 1917, il se bat en Champagne. L’année suivante, il participe à la contre-offensive alliée qui, sous la direction de Foch, repousse l’armée allemande à la frontière. C’est dans l’Aisne, au moulin de Laffaux, qu’il est blessé pour la troisième fois en septembre 1918. Le mois précédent, il a reçu la croix de guerre pour son « dévouement absolu » et « son courage remarquable ». N’a-t-il pas assuré « la transmission des ordres sur un terrain violemment bombardé et d’accès très difficile » ?

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Antoine Raclin, le jour de la remise de sa croix de guerre

Le 11 novembre 1918, les combats cessent et le 28 juin 1919 le traité de Versailles règle la paix entre la France et l’Allemagne. Antoine Raclin est démobilisé le 25 août 1919.

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Auteur

 Pascal Herault

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