Tous ensemble publié le 11/01/2018

En cette journée d’hiver en Charente Maritime, l’air frais et un vent doux nous accompagnent durant notre balade à pied pour atteindre la résidence. La magie de l’extérieur nous a permit de bien nous détendre et de nous mettre de bonne humeur et de s’apprêter pour la présentation.
Arrivé à notre destination, une partie du groupe s’est installée à la salle de concert, cette grande salle à manger qui a été transformé en salle de concert. Il y avait déjà un petit public assit calmement en attendant la présentation. Nous avons rapidement et silencieusement installés nos instruments tout au fond de notre futur scène pendant que l’autre groupe s’est mit à répéter.
Petit à petit la salle de concert commençait à se remplir. Quelques résidents arrivaient en fauteuils roulants, d’autres en marchant assez rapidement, certains au petit pas extrêmement lent. Certain semblaient avoir du mal à choisir une place et d’autres très certains de leurs choix…
Arrivé à 14h30, l’heure prévu du concert, l’ensemble de l’orchestre, accompagnés par leur professeure, entrent silencieusement dans la salle. À ce stade, la salle était remplie de monde : De ma gauche, l’orchestre sur une scène occupant une vingtaine d’élèves et de ma droite, le public, une cinquantaine des résidents laissant pratiquement aucune chaise inoccupée. Les deux côtés de la salle, l’équipe d’aide soignants et d’autres agents veillant à leurs clients et nous, les parents d’élèves.
Pour nous qui sont restés debout les deux côtés de la salle, c’était une occasion pour prendre des photos et faire des enregistrements vidéos.
Après la présentation de l’orchestre faite par leur chef d’orchestre , je me suis précipitée pour trouver un coin idéal qui me permettra de bien enregistrer le concert.
A peine quelques minutes de concert passés , on retrouve un silence total ; aucun chuchotement, aucun bruit de l’extérieur…. Le seul son qui occupait tout l’espace était celui provenant de l’orchestre.
Ça y est ! Tout le monde est dans son élément, une concentration à cent pourcents. La communication normale s’éteint laissant place à une communication intérieure .
Que c’est beau d’observer cette discipline naturelle provenant des enfants ! Il y a seulement quelques minutes auparavant, ils se parlaient fort entre eux et se chamaillaient dans tous les sens….et là, si soudainement, un silence absolu.
A cet instant, je me rend compte de la beauté de chaque individu, leur amour et leur envie de transmettre et partager leurs savoir. Cette gentillesse qui s’exprime à travers leurs visages, ce calme… Quelle sérénité !
J’essaie à prendre quelques photos mais en vain. La prise de photos me demande une autre concentration...
Une seule envie m’habite, celle de simplement être là et tout prendre, vivre cet instant si précieux.. Je range machinalement mon appareil photo et j’écoute, j’observe, je vis l’instant…
Après la présentation de quelques morceaux, cet état de présence absolue a été brièvement interrompue par le chef d’orchestre qui nous annonçait la suite du programme. Quelques élèves ont eu l’occasion de présenter leurs instruments au public, nous dire ce que c’est comme instrument et ensuite jouer un petit morceau à leurs choix.
C’était beau de voir ces élèves en toute fierté nous faire cette courte présentation en solo ou en duo. C’était un moment magique mais le moment qui m’a marqué le plus était celui où un élève nous a présenté un saxophone accompagné par un petit morceau ; une chanson de Noël bien connu : « Petit Papa Noël ».
La plupart des résidents ont toute de suite reconnu le morceau, d’autre à cause de leurs traumatisme de mémoires montraient aucun signe de reconnaissance. De loin, on entendait quelques résidents chantonnaient à la mélodie par ci et par là. Plus la musique jouait plus les chantonnements s’accentuaient. Une voix particulière me touche, petit à petit, malgré le chantonnement de plusieurs personnes, cette petite voix portant beaucoup de force en elle , une force venant du ventre, devenait de plus en plus puissante et prenait le devant de toutes autres voix.
Je m’approche un peu de l’endroit d’où cette voix venait, je m’étonne de voir une jolie petite dame presque perdue dans sa chaise roulante chantant au bout de sa voix... Bien que sa voix soit basse, c’était une voix qui porte, une voix puissante, une voix qui nous invite à expérimenter sa joie, qui nous invitent à voyager dans ses beaux souvenirs de son passé…
Soudain, il y avait quelque chose comme une communication intérieure entre nous tous, entre ces différentes générations : les enfants, tous entre 12 et 14 ans, les parents et employeurs dans leurs trentaines, quarantaines, les résidents, certains assez âgés pour être mes grands parents….
Un geste intérieur se fait entre nous tous et là , tout à coup les élèves et tout le monde se mis à chanter, cette fois dirigée ou portée par la force de la petite voix de mamie.
On était réunis . La différence d’âge entre les générations avait disparu. Par moment, je ne pouvait plus distinguer l’enfant d’ une personne âgé.